Clement ECOFFEY Photographie ferroviaire

Locomotives à vapeur chinoises

SY à Jixi SY à Jixi Aiguilleur de la mine de Jixi SY à Jixi SY à Jixi SY à Jixi SY Xinghua SY à Pingzhuang SY à Pingzhuang SY à Diaobingshan (Tiefa) Passagères à Tiefa JS à Yuanbaoshan QJ à Yanzhou QJ à Yanzhou

La Chine, sa muraille, Tian'anmen, la Cité Interdite, les hutongs, ses temples perdus dans une végétation luxuriante. A l'opposé des cartes postales, la Chine est aussi le dernier pays au Monde qui exploite de manière significative la traction vapeur pour d'obscures besognes dans les mines de charbon.

Les médias nous vantent souvent la croissance et le développement exponentiels de la Chine. Quand ils ne nous exposent pas les grattes ciel modernes de Shangai ou Beijing, ce sont les temples et les rizières du Sud, qui sont à l'honneur. On ne nous montre que rarement le Nord et ses petites maisons en briques rouges qui affrontent la rigueur d'un climat continental froid et sec durant la moitié de l'année. On ne nous dit pas que la Chine est un des derniers pays au monde, si ce n'est le dernier, à utiliser encore de manière presque intensive la traction vapeur. On ne nous dit pas que dans certaines villes minière du Nord il reste encore quelques Zheng Qi Tsi affectées à d'obscures tâches pour le compte de réseaux miniers privés. Bien loin du service de ligne présent jusqu'en 2005 sur le célèbre col de Jingpeng, ces survivantes roulent au pas sous les trémies pour charger d'interminables rames de tombereaux noirs, s'époumonent pour arracher les 4000 tonnes d'un train plein, font inlassablement l'aller-retour entre la laverie et le terril avec quelques wagons plats ...

En décembre 2010, les locomotives de type 141, série SY étaient les plus présentes sur les réseaux minier. SY est l'abréviation de Shang You qui signifie "viser haut". Que ce soit à Jixi dans le Heilongjiang ou à Pingzhuang en Mongolie-intérieure, les SY arrachaient quotidiennement, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les lourdes rames remplies d'un charbon de mauvaise qualité, plus proche du granulé que du bloc. Dans ces "nids", tous les matins les machines se regroupaient pour la relève des équipes. Pendant une demi-heure au moins, quand neuf locomotives à vapeur étaient côte à côte au dépôt l'ambiance était tout simplement indescriptible. Entre les volutes de fumée omniprésentes, les mécaniciens inspectaient leurs protégées pendant que des coups d'échappement retentissaient dans toutes les directions.
A quelques kilomètres au Nord de Pingzhuang, le petit dépôt de Yuanbaoshan gérait encore un petit nombre de machines particulières : les dernières 141 JS avec pares-fumée. JS signifie JianShe, ou encore "construire". Par contre l'activité de Yuanbaoshan était déjà des plus réduite : le seul service régulier et quotidien consistait à tirer un train de voyageurs sur un court trajet de vingt kilomètres. Le diesel ayant déjà fait main basse sur les trains de charbon, les marchandises à traction vapeur était extrêmement rares mais pas inexistants pour autant.
A Diaobingshan, dans la province du Liaoning, les SY avaient une tâche plus facile puisqu'elles tractaient seulement des trains de voyageurs de trois ou cinq voitures. Ceux-ci reliaient quotidiennement les différentes mines du système derrière les SY 1770 et SY 1771. Avec la SY 1772, ces trois machines forment le trio de queue de la série et sont sorties des ateliers en 1999 : ces locomotives sont donc plus jeunes que nos BB26000 !
Bien plus au Sud, dans la province du Shandong, la Yankuang Group Co. exploite le système de Zhoucheng, quelques kilomètres au Sud-Est de Yanzhou. En Janvier 2011 elle utilisait encore deux QJ au milieu de diesels. Deux lettres pour une énorme machine. Six mètres de haut, quasiment trente de long, cette série de 151 n'était ni plus ni moins que la plus grosse locomotive à vapeur encore en exploitation dans le Monde à cette époque. On ne sera pas étonné d'apprendre que QJ est l'abréviation de Qian Jin qui veut dire "le progrès".

Tout ceci n'est pas éternel ... les effectifs ont fondus considérablement en quelques années. Le système de Chengzihe est électrifié et les « Krokodil » ont remplacées les SY. A Diaobingshan, les diesels ont le strict monopole des trains de marchandises et à Yanzhou les deux dernières QJ sont maintenant froides depuis longtemps. La traction à vapeur en Chine n'est pas morte pour autant car, même si j'ai employé le passé dans cet article, elle persiste encore à Pingzhuang, Yuanbaoshan et Diaobingshan. De plus elle perdure aussi dans quelques endroits que nous n'avons pas visités en 2010 comme Sandaoling ou Fuxin. Mais les effectifs sont de plus en plus réduits. Pour des informations plus précises, je ne peux que vous conseiller de suivre les liens ci-dessous.